Le malaise des derniers venus. Comment définir un État macédonien ?

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Extrait de "Le malaise des derniers venus. Comment définir un État macédonien ?" par Ivaylo Ditchev (2000)

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"La politique de la Grèce est claire de 1912 jusqu'à nos jours : il s'agit de ce que l'on appelle aujourd'hui le "nettoyage ethnique". La langue bulgare est interdite, des populations "Slaves" sont échangées avec la Bulgarie, les Turcs incités à partir en Turquie. Le profil démographique change radicalement à la suite de l'immigration organisée de Grecs à provenance de l'Asie mineure. Aujourd'hui Athènes se félicite d'avoir définitivement résolu le problème et s'oppose farouchement à toute mention de la minorité macédonienne.

C'est dans cette perpective que l'on comprend pourquoi la Grèce a été l'ennemi principal de la nouvelle République : sa création réveille le spectre de la maudite minorité et des crimes commis envers elle. En l'absence de travail collectif de la mémoire, le traumatisme national va produire des effets parfois ridicules, parfois inquiétants. Car il y a quelque chose de démesuré à soupçonner un pays de deux millions d'habitants et sans armée de visées expansionnistes, à l'accuser du "vol" d'un nom qu'il porte depuis 1945 au sein de la Fédération yougoslave, à craindre que son existence incite au séparatisme ses frères en Macédoine grecque tout en affirmant que ceux-là ne représentent que 60 000 personnes. Les monstrueuses manifestations nationalistes anti-macédoniennes, comme celle de Thessalonique forte d'un million, indiquent le poids du problème dans l'imaginaire collectif. A deux reprises les Grecs ont imposé des blocus unilatéraux à leur voisin du nord-ouest causant 80 millions de dollars de pertes par mois à une économie, dont 3/4 du commerce dépend du port de Thessalonique."

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